Déclaration commune des gouvernements de la Roumanie et de la République française sur la Francophonie (20 novembre 2003)
DECLARATION COMMUNE DES GOUVERNEMENTS
DE LA ROUMANIE ET DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE
SUR LA FRANCOPHONIE
A l’occasion de la visite du Président de la Roumanie en France (19-21 novembre 2003) et du dixième anniversaire de l’adhésion de la Roumanie à la Francophonie
Les gouvernements de la Roumanie et de la République Française,
Reconnaissant que les deux pays entretiennent une relation profonde et ancienne fondée sur la Francophonie et nourrie de la multiplicité et de la variété des échanges culturels,
Conscients du rôle que peut et doit jouer la Francophonie sur le plan des relations régionales et globales,
Désireux d’approfondir les relations bilatérales entre la Roumanie et la France, entre autres par l’intermédiaire de la Francophonie et de ses instruments spécifiques,
Se félicitant de l’intensité du Partenariat franco-roumain alimenté par les assises franco-roumaines des collectivités locales et le Forum franco-roumain de personnalités
Rappelant que c’est à Bucarest, en 1998, lors de la 12ème Conférence Ministérielle de la Francophonie, que les pays francophones ont lancé l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie, et adopté la réforme structurelle de l’Agence de la Francophonie
Se sont réunis à Paris, le 20 novembre 2003, et ont décidé d’adopter la présente Déclaration
1. Le contexte global
La Roumanie et la France décident d’engager une coopération plus étroite sur l’avenir des relations internationales et sur les thèmes majeurs d’importance globale : entre autres, préparation du Sommet mondial sur la société de l’information, négociations concernant les questions d’éthique, suivi du Symposium international sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone (Bamako-novembre 2000), suivi des Sommets de Johannesburg et de Monterrey et suivi de l’élaboration, par l’UNESCO, d’une convention internationale sur la diversité culturelle.
Elles conviennent d’entretenir un dialogue étroit dans le cadre offert par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Roumanie ayant été élue membre non-permanent du Conseil pour les années 2004-2005.
Un facteur important dans le rapprochement des nations du monde est la diversité culturelle. La Roumanie et la France ont accumulé une expérience bénéfique dans le cadre de leurs relations exemplaires. La Roumanie et la France souhaitent ainsi défendre ensemble la diversité culturelle qui reconnaît le droit pour chaque Etat de définir sa politique culturelle, gage de la préservation de l’identité, et de la mettre en œuvre par les moyens d’action qu’il juge appropriés. C’est pourquoi elles soutiennent l’adoption, dans le cadre de l’UNESCO, d’une convention internationale, contraignante, visant la préservation et la promotion de la diversité culturelle et linguistique.
La Roumanie et la France décident d’agir, dans toute la mesure de leurs possibilités, afin de conforter le statut de la langue française, langue officielle et de travail dans les institutions européennes et d’assurer au français une présence forte dans les institutions et procédures européennes. Elles affirment leur soutien au plan pluriannuel en faveur du développement de la langue française dans les institutions de l’Union européenne.
Elles soulignent l’importance du rôle et de l’activité de l’Agence Intergouvernementale et de l’Agence Universitaire de la Francophonie(AUF), et en particulier du Bureau régional de l’AUF pour l’Europe Centrale et Orientale, situé à Bucarest.
La Roumanie et la France, notamment dans le contexte offert par la Francophonie, s’engagent à rapprocher leurs politiques à l’égard des pays du Sud, notamment africains, et en particulier à nouer avec ces pays une coopération plus étroite sur les thèmes du développement durable, de l’Etat de droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la paix, et sur d’autres thèmes importants tels que la sécurité maritime, le commerce et les douanes.
La Roumanie et la France, en particulier et en liaison avec l’AUF, développent avec les pays francophones du Sud, notamment africains, une coopération universitaire triangulaire.
2. Le contexte bilatéral
La Roumanie et la France décident de donner un nouvel essor à la relation franco-roumaine, profonde et ancienne, dans le domaine culturel, dans la perspective proche de l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne.
Elles valorisent à cet égard l’apport des Assises des Collectivités locales et du Forum franco-roumain de personnalités.
La Roumanie et la France veillent à mettre en œuvre dans les années qui viennent des actions concrètes telles que celles décidées notamment dans le domaine des Archives et du Patrimoine, à l’occasion de la visite à Bucarest du Ministre français de la Culture et de la Communication, Monsieur Jean-Jacques Aillagon.
La présence culturelle de la Roumanie en France et de la France en Roumanie sera soulignée notamment par une exposition rétrospective d’art français, intitulée " Ombres et Lumières ", couvrant quatre siècles de création, au Musée National des Beaux-Arts de Bucarest, en 2005. La littérature roumaine et les écrivains roumains seront les invités de la France, en 2005, dans le cadre de la manifestation intitulée "Belles Etrangères". Plus généralement, nos deux pays organiseront une série de manifestations culturelles en France, durant la période 2005 - 2007, sous le titre générique " Paris - Bucarest ".
Bucarest, candidat à l’accueil du XIème Sommet de la Francophonie, sera le témoin de plusieurs événements culturels de nature à marquer l’attachement de la Roumanie à la grande Famille francophone, ainsi que l’amitié franco-roumaine.
La Roumanie et la France décident de soutenir, en commun, la distribution de programmes francophones dans l’audiovisuel roumain.
La Roumanie et la France soulignent la nécessité d’assurer une place plus importante à l’enseignement en français en Roumanie. En particulier, elles affirment leur volonté de nouer une coopération pour assurer au lycée français Anna de Noailles à Bucarest des conditions qui lui permettent d’élargir ses possibilités d’accueil.
Elles soutiennent pleinement le projet de rénovation des sections bilingues dans les écoles roumaines, y compris par une présence forte de lecteurs français et, conformément à la Stratégie de Lisbonne, par un meilleur accès à l’Internet dans l’enseignement primaire et secondaire.
En liaison avec l’AUF, elles s’engagent à consolider les filières francophones dans les universités roumaines, à même de constituer une source de très grande qualité pour le marché de l’emploi francophone en Roumanie.
Elles envisagent de créer, en liaison avec EDUFRANCE et l’AUF, un " guichet unique d’information " afin d’aider les étudiants roumains à accéder aux universités françaises.
La Roumanie et la France, dans un domaine essentiel pour leurs relations, décident de développer une coopération privilégiée et francophone entre les deux Ministères des Affaires étrangères, en particulier grâce à la participation de l’enseignement français aux programmes de formation post-universitaire élaborés par l’Académie Diplomatique de Bucarest au bénéfice des jeunes diplomates roumains.
La Roumanie et la France, enfin, engageront une vaste campagne de sensibilisation de l’opinion publique et de la jeunesse de la Roumanie à l’utilité de la langue française, patrimoine commun des deux pays et bien commun pour leur communauté de destin au sein de l’Union européenne.
Fait à Paris, le 20 novembre 2003.
Pour la Roumanie
Mircea GEOANA
Ministre des Affaires étrangères
Pour la République française
Pierre-André WILTZER
Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie