Discours du Premier Ministre de Roumanie M.Calin Popescu - Tariceanu à la Cérémonie Solenelle d’ouverture, le 28 Septembre 2006
Mesdames et Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs les Premiers ministres
Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie)
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, à mon tour, de vous souhaiter la bienvenue en Roumanie!
Que je vous dise un petit secret: vous vous trouvez dans un pays qui aime le français….
En fait, la Roumanie est le plus important vecteur de promotion de la langue française en Europe centrale et orientale. Les chiffres sont éloquents: il y a en Roumanie 24 universités membres de l’Agence Universitaire de la Francophonie; 40 000 étudiants roumains francophones et 14 000 professeurs de français. 88% des élèves apprennent le français à l’école.
L’enseignement du français en Roumanie est, par ailleurs, une tradition vieille de presque 200 ans. La langue et la culture française ont été l’élément formateur des élites roumaines à partir du XVIII-ème et tout au long du XIX-ème siècle, accompagnant tout le processus d’adaptation de notre pays à la modernité occidentale.
La France a joué aussi un rôle décisif dans la formation de l’État unitaire roumain, d’abord en 1859, puis en premier guerrre mondiale. Plus tard, pendant les années du totalitarisme, le français a été pour beaucoup de Roumains un moyen à travers lequel s’exprime la liberté.
Il y a des voix, aujourd’hui, qui soutiennent que le français est minoritaire par rapport à l’anglais. Une langue c’est un fait de culture et de civilisation. C’est pourquoi c’est notre devoir d’assurer l’équilibre des deux langues. Nous avons aussi la volonté politique, que les moyens d’agir.
Je veux remercier tout particulièrement a Son Excellence, Monsieur Abdou Diouf, Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, pour ses efforts ininterrompus en faveur du rayonnement de la langue française et pour le façon dont il a su mobiliser notre Communauté en vue de la ratification rapide de la Convention de l’UNESCO pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
La Roumanie a été parmi les premiers pays à ratifier cette Convention, et l’un des plus actifs défenseurs de la sauvegarde de la richesse culturelle, pour édifier ce que le Président Senghor appelait autrefois «le monde de demain uni, mais pas uniforme».
Mesdames et Messieurs,
Il est dans notre intérêt de valoriser aussi la dimension européenne de la Francophonie ! Nous sommes résolus à approfondir les relations de coopération et de solidarité, non seulement entre le Nord et le Sud, mais aussi entre l’Est et le Sud. Une simple statistique nous montre que, parmi les 63 membres de l’OIF, des pays européens représentent un tiers.
L’Union Européenne de l’année 2007 comptera 27 États membres, dont 14 font partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Les trois villes-capitales de l’Union Européenne sont des villes francophones. L’Europe unie doit assumer son identité multiple, déterminée non seulement par sa géographie et les valeurs communes, mais aussi par sa dimension francophone. La Roumanie souhaite être une voix de la Francophonie au sein de l’Union Européenne et, en même temps, une voix de l’Europe au sein de la Francophonie.
L’avenir politique de notre Organisation repose entièrement sur la manière dont chacun de nos États et gouvernements saura répondre à deux impératifs : le respect des valeurs démocratiques et de l’État de droit ; le respect et la protection des Droits de l’Homme. Nous savons tous que certains pays membres de l’OIF se confrontent à des problèmes économiques très graves qui pourraient rendre ce débat dérisoire.
Tout de même, nous savons que le développement durable ne peut être imaginé sans stabilité politique, dans le respect de la liberté et de l’égalité de tous les citoyens.
La Roumanie soutient fermement la manière dont la Francophonie entend accorder son appui au processus de transition démocratique dans les États membres qui en ont besoin. Notre pays a une expérience dans ce domaine et il est prêt à la partager, au nom de la coopération et de la solidarité qui animent nos actions. Notre Organisation s’est dotée d’institutions efficaces et cohérentes, capables de nous faire avancer vers les objectifs que nous nous sommes fixés. À notre tour, nous voulons y contribuer.
Parler du développement durable de nos sociétés sans mentionner l’éducation, serait sans doute une erreur. Aujourd’hui, il y a presque 800 millions d’analphabètes dans le monde et le Sommet de l'ONU "Millénaire +5" a constaté les résultats faibles qui ont été obtenus dans ce domaine.
C’est précisément cette position extrêmement importante, mais aussi la situation très précaire de l’éducation dans certains pays qui nous ont déterminés de dédier à ce sujet le XIème (onzième) Sommet de la Francophonie.
De nos jours, l’utilisation dans l’éducation des technologies de l’information et de la communication est une nécessité quotidienne inéluctable.
Cependant, il faut garder l’esprit ouvert et être conscients non seulement des avantages que ces technologies procurent à notre vie, mais également des problèmes qu’elles peuvent parfois engendrer.
Nous sommes conscients des écarts qui existent entre nos pays lorsqu’il s’agit du niveau d’accessibilité et d’utilisation de ces technologies. La fracture qui, du point de vue de la technologie numérique, sépare le Nord et le Sud est une réalité. Dans ces conditions, quelqu’un pourrait se demander pourquoi, au moment où l’accès à une éducation de base n’est point garanti pour tous, nous sommes préoccupés par l’introduction des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement.
La réponse est très simple: les technologies de l’information sont présentes dans tous les domaines de la vie sociale. Elles sont un fait incontournable et elles le seront davantage à l’avenir. Elles doivent être prises en compte pour permettre l’évolution et l’expression libre de tous les citoyens.
L’alphabétisation numérique est tout aussi nécessaire que l’alphabétisation proprement dite. Les individus doivent être capables d’utiliser ces technologies et, en même temps, comprendre les dangers qui peuvent surgir.
La démarche de l’UNESCO, qui soutient la mise en place d’une société du savoir pour tous, permettant à ses membres l’accès aux connaissances, devrait être soutenue. En agissant de concert, nous devrions être capables d’établir les lignes directrices de nos actions futures dans ce domaine.
La Francophonie, par son savoir-faire, par les moyens et les programmes dont elle s’est dotée à travers le temps, est en mesure d’assurer une valeur ajoutée essentielle aux solutions que nous apportons à ces problèmes.
Mesdames et Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs les Premiers ministres
Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation
Mesdames, Messieurs,
La Roumanie, en tant que pays hôte du Sommet, souhaite que les décisions prises au cours de ces deux jours soient durables. Nous voulons également faire valoir l’importance que nous accordons à l’éducation et aux technologies de l’information, domaines auxquels nous sommes particulièrement attachés.
C’est pour ces raisons que nous soutenons, en partenariat avec l’OIF et son opérateur spécialisé, l’Agence Universitaire de la Francophonie, la création, à Bucarest, de l'Université Francophone de l’Europe Centrale et Orientale. Cette université devrait être un centre d’excellence pour la préparation des formateurs, un espace dédié à la performance mise au service des autres. Nous sommes, aujourd’hui, en mesure de respecter cet engagement.
Le Gouvernement de la Roumanie va investir une importante somme d’argent pour la mise en œuvre de ce projet d’envergure internationale.
Les programmes conçus dans le cadre de cette Université seront accessibles à tous les étudiants et chercheurs du monde francophone, soit directement, soit par le biais de sa composante virtuelle. Une mobilisation exemplaire des États et des gouvernements de la région prouvera notre intérêt et de notre implication dans ce domaine.
Bon Somme